au frère Foulquier à Genève touchant Salomon et Espennett 1
Juin 1859
Bien-aimé frère,
Votre lettre, si je n'avais pas regardé vers Dieu, aurait jeté quelque alarme dans mon esprit, non que je doute du désir de ces chers frères de Genève de glorifier le Seigneur, et je vois avec actions de grâces que le Seigneur les a gardés en les amenant à refuser la discussion proposée par le frère Salomon; mais il me semblait, d'après votre lettre, qu'ils n'avaient guère l'idée de l'action de Satan dans cette affaire. Je n'ai aucune confiance dans la droiture de Salomon, ni dans l'innocente ignorance de M. Boucher 2. Je ne nie pas que Salomon soit droit, ni que M. Boucher ignore les faits, mais si j'étais moi.même sous l'influence de l'Ennemi, la droiture naturelle ne me garantirait pas, celle qui provient de la grâce ne subsisterait pas. Or toute cette affaire est une activité directe de l'Ennemi. Si l'on est ignorant par indifférence, on tombe entre ses mains, parce qu'on ne peut être indifférent à la gloire de Christ, selon sa grâce. Vous me dites que M. Espennett a écrit des choses satisfaisantes sur la divinité du Seigneur Jésus. Très bien, mais c'est une preuve de ce que je dis. Dans quel but? Pour cacher les choses affreuses qu'il justifie. M. Newton a fait la même chose. La divinité de Jésus n'est pas le sujet qu'il a traité ou attaqué dans ses blasphèmes. Il ne dit rien de ceux.ci et annonce son orthodoxie sur un autre point. M. Espennett a publié une lettre dans laquelle il déclare que M. Newton n'est pas coupable d'hérésie; il a même dit que ceux [de ses disciples] qui ont fait confession de leurs propres erreurs se sont trompés. Mais enfin, on a tort, dit.il, de condamner M. Newton. M. Craik, de Béthesda 3, déclare qu'il ne connâît personne à Béthesda qui considère Newton comme un hérétique. Or, voici la doctrine en question: "Christ avait l'expérience d'un homme inconverti, mais élu. Christ, en tant que né d'Adam, et né Juif était exposé à la colère et d l'indignation de Dieu. Il était plus loin de Dieu qu'Israël quand celui.ci se fait le veau d'or. Il a dû trouver son chemin vers un point où Dieu pouvait se rencontrer avec lui et ce point c'était la mort, la mort sur la croix. Il a écouté l'évangile prêché par Jean Baptiste avec une séneuse attention et il a ainsi passé, comme de la loi d l'évangile lui.méme. Etant exposé à l'indignation et au déplaisir de Dieu, comme homme né d'Adam et comme Juif, il a su échapper d beaucoup de ce qu'il aurait dû souffrir, par la prière, la piété, etc. Cependant, il en a tant souffert pendant sa vie, qu'il en était dégoûtant de figure et qu'on se sauvait de lui".
Voilà les choses enseignées en cachette pendant des années, ensuite publiées et jamais rétractées. M. Espennett dit qu'il ne doit pas le condamner, qu'il n'y a pas d'hérésie, puis publie son écrit pour montrer que lui croit à la divinité de Jésus. Ce n'est pas la divinité de Jésus qui est en question, sauf en ce que toutes les vérités se lient l'une à l'autre et que, comme déduction, on pourrait montrer que s'il en était ainsi, Christ ne serait pas Dieu. M. Newton a publiquement enseigné des blasphèmes. M. Espennett l'appuie de son mieux, et sur le point de la doctrine. Je n'ai pas affaire à autre chose. S'il cherche à cacher la vraie question en publiant son orthodoxie sur un autre point, ce n'est qu'une preuve de sa mauvaise foi; mauvaise foi qui est parfaitement évidente dans la lettre qu'il a publiée et d'une manière honteuse.
Dans la proposition de Salomon, je ne trouve pas la bonne foi. Il aurait pu dire: Vous avez tort en ceci, ou tort en cela; mais engager une discussion n'était qu'un effort pour enlacer les frères et les embrouiller, où ils n'étaient pas préparés. Avec les faits et les détails, leur mauvaise foi est au grand jour et les dames Hull 4 l'ont assez prouvé en Suisse. Je vous supplie de lire la confession de M. Batten 5. Voilà ce dont il est question. Avec ceux qui appuient une pareille doctrine et déclarent [net] un hérétique, comme chrétien je n'ai rien à faire. Lisez seulement ce qui se trouve (dans cette confession).
1. le frère anglais qui porta la division béthesdienne dans le canton de Vaud
2. M Boucher de Cannes avant sa rétractation
3. un des signataires de la "lettre des dix"
4. deux soeurs de Béthesda qui essayèrent de s'introduire parmi les frères
5. un frère respectable qui avait été l'un des agents de M. Newton
La question est une question d'un vrai ou d'un faux Christ. Béthesda et M. Espennett sont les appuis du faux Christ que M. Newton prêche. Il ne s'agit pas d'individus, mais de l'action de Satan et il importe que les frères voient de quoi il s'agit. J'aimerais mieux mourir sur le champ que de reconnaître quelqu'un qui appuie la doctrine que M. Espennett excuse de son mieux. La conséquence naturelle de l'action de Satan est la fausseté; cela arrive toujours. Mais regardez la doctrine. Non que tous la tiennent, mais tous, par leurs actes la soutiennent. C'est un venin d'aspic. Je ne parle pas légèrement.
Saluez affectueusement tous les frères. Je les supplie d'être sur leur garde contre les ruses de l'Ennemi. Le petit bout du coin est plus dangereux que le gros.
Votre tout affect. frère.
J.N.D.